La semaine en trois points [2025-W26]
Débarras hebdomadaire pour choses vues sur la planète basketball.
1. L’humeur
Il est des passions sans fond, dans lesquelles on plonge jusqu’au risque de noyade, et si regarder du basketball en est une, alors des baigneurs enthousiastes se devaient d’accompagner un samedi après-midi perdu devant une succession de matchs de la première journée du mondial FIBA U19 masculin, la température caniculaire empêchant de mener quelque autre activité que ce soit, même dans le jardin d’une villa avec piscine. Une surprise malienne, un fils Olajuwon sous bannière canadienne (si quelqu’un sait pourquoi…), un short jordanien en quintuple XL, un attentat camerounais sur un contre-attaquant français, un drapeau palestinien agité au nez de joueurs israéliens, un québécois de 2m33, un examen des politiques migratoires applicables aux réfugiés sud-soudanais dotés d’un wingspan avantageux, des ralentis mal calibrés… ces quelques heures de balle orange dans des gymnases lausannois, observées depuis Youtube, nous auront offert un condensé d’instants aussi futiles que réjouissants, loin des afféteries d’une finale NBA et des analyses post-draft ou pré-free-agency en forme de rodomontades.
En guise d’apéritif, quelques fantasques pratiquants des fantasy leagues auront même pu deviser sur les coupes mulet des joueurs australiens – parfait avant-propos à la finale du Top14 qui suivrait en soirée – et découvrir que Dash Daniels ressemblait beaucoup à son frère, tandis que Jacob Furphy ne ressemblait pas tant que ça à Johnny, et pour cause : ils ne sont absolument pas frères, le Pacer venant de Melbourne quand « ce diable de Jacob » est originaire de Tasmanie. Cette information, on pourrait s’empresser de l’oublier. Sauf qu’on la conservera soigneusement, non pas pour alimenter une connaissance inévitablement fragmentaire d’un sport global aux interminables ramifications, mais simplement parce qu’on l’associe à un moment précieux, passé auprès de gens auxquels on tient.
[Vu cette semaine1]
2. Le système
Certes, et c’est bien triste, on retiendra en tout premier lieu du match 7 de la finale NBA la blessure de Tyrese Haliburton, qui nous a certainement privé d’une rencontre de légende en même temps qu’elle condamnait les espoirs des Pacers de rééditer ce niveau de performance la saison prochaine. Finalement dominé par un Thunder en mode rouleau compresseur (difficile à lancer, encore plus difficile à arrêter), ce point final à la saison NBA aura donné à voir un Shai Gilgeous-Alexander en délicatesse avec ses pourcentages, mais délivrant son plus gros total de passes décisives de toute la campagne de playoffs. Parmi les bascules de cette soirée, ce surcroît de playmaking mérite bien d’être observé.
Sur cette action du premier quart-temps, le Thunder tente de brouiller les pistes : SGA refuse un écran d’Hartenstein en tête de raquette, et part offrir un écran à Jalen Williams qui occasionne un changement défensif, avant de profiter d’un pindown d’Alex Caruso. Si l’on est loin de la fluidité offensive observée chez leurs adversaires, cette multiplication de petites actions suffit à offrir du positif, SGA s’étant débarrassé du collant Nembhard pour profiter d’un Mathurin nettement moins inspiré pour naviguer derrière l’écran. Suit un handoff avec Hartenstein, sur lequel Myles Turner a pour mission de rester haut et bloquer la pénétration de Shai, pour le priver du midrange dans lequel il se balade trop souvent. Le système qui semblait ronronner se conclut en un éclair, car Hartenstein offre un roll plein de conviction qui fixe Obi Topin et libère Caruso. La lecture de Shai est automatique, laissant penser que le gameplan lui indique de privilégier la passe : même s’il a mis un écart à Mathurin, il sait que la fixation et le renversement sur Caruso sont la meilleure option.
Alors que les Pacers sont en train de craquer, nouvel exemple : obligé de composer avec une horloge raccourcie suite à un rebond offensif, Shai orchestre autour d’un écran de Lu Dort. Il sait sans doute assez tôt que McConnell n’aura pas les qualités pour l’empêcher d’aller au drive. Conformément au plan défensif observé toute la série, trois Pacers se resserrent, Siakam pour fermer le midrange, les autres pour empêcher l’accès au cercle. Sur cette action, c’est le footwork de SGA qui nous intéresse : la manière dont il utilise l’eurostep en arrivant au contact de Siakam, vers l’axe et pour mieux le figer puis en ouvrant l’angle pour s’éloigner du panier, tend à démontrer qu’il sait par avance que son action se terminera par une passe, plutôt que par un tir. La coupe un peu molle de Chet ligne de fond est suffisante pour figer Naismith qui a pris l’information sur sa droite, mais ne peut plus recouvrer dans les temps pour contester le tir de Jalen Williams. Et voilà que la conclusion à cette saison arrive, terrifiante : et si SGA passait l’été à travailler ces lectures auxquelles les Pacers l’ont astreint, décollait ses moyennes d’assists du 6 par match auquel il est abonné depuis 5 ans, et devenait encore plus indéfendable ?
3. Le style
Une décennie à construire le roster parfait, des étés à taffer son jeu, une saison régulière écrasée en mode patrons, des playoffs alternant séries maîtrisées et Games 7 en forme de pièges déjoués. Tout ce temps, tous ces efforts, tout ce travail pour un trophée, la fierté d’une ville, l’accomplissement d’une carrière, l’héritage d’une franchise. Alors pourquoi, oui, pourquoi ce T-shirt sur fond noir, pourquoi cette police d’écriture sans imagination et ces mots trop larges ou trop serrés, pourquoi ce logo du club posé au hasard car on savait plus où le mettre, pourquoi le 20 et le 25 séparés de part et d’autre du trophée, lequel trophée est détouré et enluminé comme s’il était la chevelure de Donald Trump sur une affiche de campagne ? Pourquoi avoir filé ce boulot de design à ces gens, apparemment chez Nike, qui en ont à ce point rien à foutre de leur mission qu’ils ne souhaitent y déployer aucune créativité ? Et pourquoi ne pas simplement se pointer sur le podium dans sa tenue de match, en fait ? Le monde entier vous regarde, merde ! Dans les méandres de mon esprit, ce truc est tout juste comparable à la subtilité graphique de ce qui devait être vendu au stand de merch pour le grand concert de Johnny Halliday au Parc des Princes en 1993. Vivement que les Timberwolves soient champions NBA : on pourrait voir de superbes T-shirts à tête de loup.
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